vendredi 28 juin 2024

 Les anciens dans nos paroisses 


           Les personnes âgées par la gratuité de leurs engagements, leur expérience et leur disponibilité apportent beaucoup aux paroisses.

L’équipe fédérale de l’Action Catholique des Milieux Indépendants de Saint-Quentin a proposé, le jeudi 30 mai 2024, une soirée de réflexion sur la place des personnes âgées dans l’Église à partir de deux témoignages.




  1. L’âge avancé : Père François Pécriaux 

L’âge, c’est l’accumulation d’expérience, la sagesse, plus de silence, plus de pensée. On est plus tolérants, moins sectaire. En devenant vieux on vit l’appauvrissement des compétences et des biens, les muscles s’atrophient, les réflexes s’émoussent. On a le sentiment de perdre de la compétence, de l’aisance.  

Quand l’évêque m’a demandé d’arrêter, cela a été difficile, j’ai eu un vide dans mon emploi du temps. Le matin je me demande : à qui vais-je servir aujourd’hui ? 

Il m’a fallu trouver un nouvel équilibre, relire l’Évangile, ma vie, mettre plus de gratuité, de qualité à l’attention des autres, veiller au climat de bienveillance, éviter de ressasser les critiques, assumer les défaillances du corps, la maladie, la dépendance...



J’étais actif, je vis moins d’action mais je les vis à fond d’autant que j’ai plus de moments creux à remplir : savoir se taire, écouter, accueillir, avoir un regard positif.

Je suis porté par la Parole, les sacrements, la vie de communauté. Être positif dans les solitude de la vieillesse, ce n’est pas facile. Les liens d’amitié, les charges qui permettaient d’être en lien disparaissent avec l’âge.

La Parole m’aide : « Heureux les pauvres, le Royaume des cieux est à eux ». L’humilité des pauvres s’acquière par les détachements progressifs

Quand on vieillit les choses du passé reviennent. Je me rappelle l’expérience d’un appel entendu et qui a modifié l’avenir. 


Ps 89-10 : Le nombre de mes années ? soixante-dix, quatre-vingt pour les plus vigoureux ! Leur plus grand nombre n’est que peine et misère ; elles s’enfuient, nous nous envolons.

Ps 92 ;15,16 : Vieillissant, il fructifie encore, il garde sa sève et sa verdeur pour annoncer : « Le Seigneur est droit ! Pas de ruse en Dieu, mon rocher ! »         


  1. La transmission : Chantal Creach :

J’ai un certain âge, celui de la cataracte, des mots qui s’envolent et du cœur qui bat à un rythme pas trop canonique. J’ai su que j’étais senior lorsqu’à la fin d’une école de prière, l’évêque du moment m’a dit « l’école de prière, c’est fini, à 66 ans il faut être raisonnable ! »  J’avais encore plein d’idées, des projets à foisons, des envies d’annoncer Jésus...J’ai eu l’impression d’avoir été débarqué du bus et d’en attendre un autre qui ne passerait jamais. 



 Être sénior, c’est le temps du lâcher-prise, de la relecture, le temps de l’aujourd’hui à vivre avec ce que je suis ; Quand on est senior, nous nous posons 50000 questions : la santé des nôtres, les études des petits enfants, leurs amis.

Il y a la fameuse question des baptêmes. Pour ma part, ils sont tous baptisés, seule une de mes petites-filles a fait le choix d’être confirmée. Notre petit-garçon, il nous a bluffé en désirant que soient ajoutés sur son acte de baptême les prénoms de ses grands-pères expliquant que son identité chrétienne s’inscrivait dans une lignée ! Nos enfants et petits-enfants savent qui est Dieu dans notre vie. Je ne me suis jamais culpabilisée du fait que notre famille ne soit pas catholique ++, j’ai fait au mieux avec mon histoire Sainte.

Je rends grâce d’être senior pour la joie de voir ma petite fille réviser ses partiels à mes côtés et de corriger l’orthographe du mémoire d’une autre.

Être senior me donne la sagesse du pardon. Être sénior c’est prendre le parti pris de l’Espérance, de continuer à être vivante en pensée et en actes, c’est transmettre ce que nous avons reçu, ce qui nous a fait grandir pour devenir ce que nous sommes, des personnes debout, cassées parfois mais debout.

Être senior, c’est savoir ce qu’aimer veut dire...




Les aînés sont les cohortes invisibles de nos paroisses qui ont besoin de s’engager pour se sentir utiles : ils savent que la vie n’a de sens que si elle est donnée. Quand ils ne peuvent plus agir, il leur reste la prière, ce lien au Christ qui les aide à vivre la fragilité du grand âge. 

Comment les aider à continuer à vivre leur foi ? à trouver des lieux où rester en lien ? Comment ne pas les laisser seuls ? 

N’oublions pas nos aînés qui ont dû s’éloigner après avoir tout donné ! 


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