Il est 5 heures 30 du matin, un matin de Noël. Le réveil
sonne. Ouf ! Il fait froid ! La journée promet d’être rude !
J’ai
l’impression de m’être couchée deux heures avant ! Les enfants étaient tous les quatre arrivés la veille des quatre
coins de France. Nous avons réveillonné jusqu’à tard après la messe de minuit
(20h30, pour mon plus grand bonheur ! Merci les prêtres…) Deux des enfants
sont encore récalcitrants envers la foi, et ont préparé le repas de fête. La
table, différente chaque année, est magnifique, sortie d’un magazine de
déco ! Le repas, démarré avec un bénédicité de remerciements, est bruyant
avec des éclats de rire, récits d’anecdotes…rattraper le temps perdu. Quel
bonheur, ces enfants !
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIeIpGj5CpM78_uPYnzskCbcgYihHWEqm4kaxb55b7baWOZBsIkA71KjYQaVGuR4EeTt4NB59GUhwjTGT5cxXNlqwiLNLuHBt-XWaxVM0kR8Pw4CXR0bD_68U7Od3U30PJUq8anjtwVkL4/s200/repas+famille.jpg)
C’est quand
même inouï que Dieu m’ait choisie pour être
cette visiteuse qui vient casser cette
isolation, cette solitude de mes patients. Mes intrusions quotidiennes,
voire bi/tri quotidiens laissent s’installer une simplicité puis une intimité
entre nous. Comment ne pas vivre cela sans un regard d’amour, de respect
emprunt parfois d’impatience ? Chacun est unique. Je ramène les anecdotes,
pics de joies, de douleurs, pépites… chez moi. Ma famille participe ainsi au côté solennel et précieux de cette
journée. Cela a beau être une journée de travail, je me dois de la rendre
« fête » ;
Six heures, j’arrive chez mon premier patient. « Coucou, c’est
l’infirmière !» Il ne dort pas. Forcément, il a dû s’endormir vers 19
heures. Je lui passe un verre d’eau et lui donne ses médicaments que l’on
prépare une fois par semaine. « Joyeux Noël ! Regarde, un petit sapin
pour toi. Tu sais au moins quel jour on est ? » C’est la seule déco
de Noël de son logement. Je jette discrètement le sapin de l’année dernière qui
trônait jusqu’alors. Une touche de
gaieté renouvelée pour cette fête qui a tant de valeur à mes yeux. Il n’est
pas d’un milieu croyant. J’avais tellement envie d’offrir une mini-crèche. Le
politiquement correct oblige ! Je suis certainement trop précautionneuse
avec ma foi.
Il n’aura pas d’autre visite aujourd’hui, les
béguinages n’organisent pas d’activités les week-end et jours de fête. Je sais
qu’il souffre de cet isolement, mais le repas organisé par la paroisse serait
hors de portée. Il est handicapé mental, renversé par un vélo lors de ses
treize ans. Il demeure plutôt reclus. « A ce soir. »
Les rues sont vides, ça fait du bien. Les décorations,
pas encore allumées à cette heure très matinale, me réjouissent toujours
autant. Au fond, je reste très « fleur bleue ! » Je roule certainement
plus vite qu’il ne faudrait…mais sur mes trois
heures de trajet par jour, je peux réduire largement cette moyenne. Je
préfère passer autant que possible du temps avec chaque patient et le reste
auprès de ma famille, plutôt que d’être sur la route.
Je profite de ce démarrage de journée pour écouter l’évangile sur Radio Notre-Dame.
Un dimanche sur deux, je n’arrive jamais à l’heure pour la messe de onze
heures. Il m’est précieux de garder contact avec le reste de la communauté des
chrétiens. Deux minutes de trajet jusqu’à ma
prochaine patiente, diabétique celle-ci. Je la réveille, mais au moins
j’aurais enfin sa glycémie à jeun ! Elle va faire des excès, mais je
pourrai les compenser avec les doses d’insuline, histoire de ne pas la laisser
en hyperglycémie (taux de sucre trop élevé dans le sang et donc toxique pour le
corps.) Elle est en foyer logement. Au moins, elle aura des petites visites de ses voisines ;
celles qui ne verront pas leurs propres familles. Elle aura aussi son petit
sapin. Ses auxiliaires de vie lui auront jeté le dernier après Noël l’année dernière.
Demain ses fils viendront avec un petit cadeau. Ouf ! au moins une qui
sera un peu moins isolée. Et la société de portage des repas aura soigné un peu
plus ce jour de fête.
Et ainsi de
suite… G. infirmière à Saint Quentin
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